En course à pied nous parlons souvent des adaptations.

C'est le travail de toute une vie. Nous passons une partie de notre existence à nous adapter pour survivre et ce sans même le savoir.

Nous nous adaptons à un changement de cadre de vie, un nouveau métier, une autre entreprise, une vie de famille différente et ainsi de suite. Pour chaque changement qui intervient dans notre existence nous devons accepter de faire des compromis c'est-à-dire de renoncer a minima à ce que nous considérions avant comme acquis de plein droit.

Si par exemple nous changeons d'entreprise, c'est pour gagner soit du temps de transport, soit un salaire supérieur, ou un métier qui nous plaît davantage mais c'est aussi renoncer à certains avantages que nous pouvions avoir avant. 

Ainsi nous acceptons ou renonçons en permanence, nous prenons des décisions qui impactent notre vie.

Il en va de même dans notre sport. Nous devons chaque jour accepter des compromis parce que notre journée ne dure que 24 heures. Si nous nous sommes entraînés samedi matin, nous pouvons faire le choix d'une seconde séance l'après-midi pour augmenter le nombre de sorties, ou le kilométrage ou juste ajouter du dénivelé. Ce choix d'ajouter une séance supplémentaire c'est aussi un risque qui consiste à disposer de moins de temps pour du renforcement ou pour se reposer. Si nous courons l'après-midi nous pouvons créer des adaptations supplémentaires, augmenter notre potentialité intrinsèque parce que soit nous avons ajouté du kilométrage, du dénivelé ou bien même une simple séance. Ceci accroît notre zone de progression à long terme. 

Mais j'insiste sur le fait que cette potentialité supplémentaire -un peu comme dans un jeu vidéo dans lequel vous obtiendriez des compétences supplémentaires pour votre personnage- n'est pas un gain immédiat mais implicite ou retardé.

Ce choix vous amène à créer une nouvelle zone de développement de votre discipline mais elle devra s'intégrer à vous-mêmes, elle devra être entérinée, acceptée, tolérée. 

C'est là qu'intervient votre capacité adaptative. Si votre esprit l'accepte, votre corps aussi doit l'accepter pour que vous puissiez alors décréter que ceci est partie intégrante de votre plan d'entraînement.

Ainsi, l'adaptation c'est la capacité que possède chacun de se projeter dans un autre paradigme, ce peut être une simple modification de votre existence, un peu comme lorsque nous décidons de bouger les meubles du salon pour gagner en luminosité ou obtenir un meilleur agencement ou juste se sentir mieux chez soi.

En course à pied, il est fréquent de dire que l'adaptation doit être lente et progressive pour ne pas désorganiser votre plan.

Ainsi ajouter une simple séance supplémentaire par exemple un samedi après-midi peut nécessiter temps.

En particulier si durant cet après-midi vous aviez l'habitude d'effectuer des exercices de renforcement par exemple, auquel cas dans votre agencement personnel, il faudra redéfinir ce temps et le repositionner sur un autre créneau de la semaine.

Cela m'amène à une autre idée qui est celle de l'importance du renforcement mais restons en premier lieu sur notre idée initiale du temps de l'adaptation.

C'est quelque chose de lent qui parfois peut prendre des années.

Mais supposons que vous parveniez à relever ce défi et qu'après plusieurs mois vous ayez intégré cette nouvelle séance dans votre plan au point qu'elle soit devenue naturelle, et en parallèle que vous ayez aussi relevé le défi de repositionner votre séance de renforcement un autre jour et la rendre naturelle, nous pouvons imaginer que cela vous procurera un gain : courir plus et donc l'ajout de kilomètres pourrait vous permettre plus de travail de qualité ou de côte et ainsi espérer une meilleure foulée.

Mais nous voyons qu'une meilleure foulée, plus belle, plus aérienne, plus élancée pour un individu qui part avec une foulée terrienne a priori, n'est pas le résultat du hasard. C'est le résultat d'adaptations qui chez certains sont innées ou disons déjà acquises de par des prédispositions naturelles dues à la génétique ou à l'enfance, et chez d'autres peuvent s'acquérir ou disons être compensées tout ou partie par le travail et la persévérance.

Nous avons parlé de la foulée mais celle-ci n'est que le reflet visible de toute une mécanique invisible. Si votre foulée s'adapte alors qu'elle était plutôt terrienne au départ, c'est plutôt bon signe.

Ainsi chacun générera ses propres adaptations selon ses faiblesses relatives pour devenir plus fort.

Vous pourrez objecter et dire : ''tout ça pour ça''. Cela n'aura pas d'impact immédiat sur vos résultats en course alors pourquoi se donner tant de peine pour si peu de gain ?

Parce que vous gagnerez en confiance. Vous vous sentirez plus fort. 

Ce ne sont pas toujours les grands changements qui créent les grandes évolutions mais les petites évolutions qui créent les grands changements.

Sportivement